Grottes d’Oselle

Hameau – Les Grottes d’Osselle

Les Grottes d’Osselle, l'une des plus anciennes cavernes touristiques d'Europe, est visitée depuis…

500 ans.

Un demi-millénaire d'aventure, de découvertes et d'émerveillement, telle est l'histoire de la grotte d'Osselle, la plus ancienne caverne touristique connue avec Antyparos en Grèce. Classée parmi les plus étonnantes grottes mondiales, la merveille du Doubs, située à Roset-Fluans (20 km de Besançon) a toujours captivé les esprits curieux par la variété de ses cristallisations et ses richesses géologiques. Découverte au XIIIème siècle, elle est régulièrement visitée depuis 500 ans et a fait l'objet d'innombrables publications.

 

Un pont pour rien
Au début du XVIème siècle, aristocrates éclairés et membres du clergé s'aventurent dans la « grotte de Quingey » à « cinq lieues au-dessous de Besançon » et 110 m sous terre. Ils explorent ce territoire inconnu, constitué alors de deux vastes salles reliées par un goulet, peuplées d'étranges formes minérales aux couleurs stupéfiantes.
Les premiers comptes-rendus foisonnent de théories fantaisistes sur l'origine des cavernes. Il faudra attendre quelques décennies pour qu'on évoque la thèse du percement par une rivière souterraine, confirmée par une publication de l'Abbé Boisot dans le Journal des Savants en 1696.
Un autre scientifique, l'Abbé Rose, curé de Quingey, s'intéresse aux couleurs de la grotte. Elles sont selon lui dues au passage de l'eau sur divers minerais : cuivre, bauxite, manganèse, fer. Théorie confirmée par la suite.

Au XVIIIème siècle, la grotte attire ingénieurs et techniciens. En 1751, l'intendant de province Moreau de Beaumont fait édifier un pont en pierre de taille sur la rivière à plus d'un kilomètre de l'entrée. On transporte les matériaux à dos d'homme. Mais le pont ne mène à rien… Jusqu'en 1966, où il permettra d'accéder à de nouvelles salles.

Mondanités
L'histoire d'Osselle comporte aussi son lot de drames et de réjouissances. En 1753, l'Abbé Goujet, qui explore une nouvelle galerie, est enseveli vivant dans une poche d'argile liquide, sous les yeux de ses compagnons.
Cette disparition tragique ne décourage pas un entrepreneur de la région, le sieur Toulongeon, qui élargit les passages étroits en 1758, pour permettre l'accès au « dames en toilette ». Car il organise des banquets, des concerts et des fêtes somptueuses dans les salles souterraines si fraîches en été.

A la révolution, les prêtres réfractaires se réfugient à Osselle pour échapper à la guillotine. Chassé de sa paroisse Jurassienne, l'Abbé Griès y célèbre la messe sur un autel d'argile.

En 1965, Claude Haaz, un jeune spéléo-minéralogiste, propose à la mairie de Roset-Fluans d'aménager la grotte pour développer l'accueil touristique. Devenu l'exploitant du lieu, il n'a jamais cessé de dégager des galeries, ouvrir de nouvelles salles, installer des éclairages. Sur 14 km de galeries recensés, il a créé un circuit de 1 200 m en terrain plat qui traverse quinze salles. Toutes éblouissantes : la salle de marbre ; la salle du Plafond, avec une voûte régulière hérissée de milliers de fines stalactites transparentes, des colonnes blanches aux cristallisations pailletées et un pilier de plus de 4 mètres de circonférence ; la salle Egyptienne, longue de 60 mètres où se trouvent de curieuses formations sphériques, ressemblant à des citrons ou à des pis de vaches ; la salle du Chaos, haute de 27 mètres et dotée de draperie marron clair ; la salle du Théâtre, que traverse la rivière souterraine….

Chronique en sous-sol
Avocat au Parlement de Dole, Louis Gollut (1535-1595) est le premier chroniqueur connu du monde souterrain. Dans ses « Mémoires historiques de la République Séquanaise », il évoque « une grotte fort longue et large, en laquelle de long loisir, la nature a fait des colonnes, des heaulmes, des tombeaux, des animaux (de divers sortes) qui ravissent en admiration tous ceux qui s'y transportent ». L'avocat-spéléo décrit « une longue et assez large caverne traversant une montagne en un fort long espace, jusqu'à ce que la montagne, presque réunie, montre une seconde caverne, par le milieu de laquelle coule une rivière… » De l'étymologie du mot Osselle (Aucella) du latin Auricella, Louis Gollut déduit que la grotte était une mine d'or autrefois exploitée par les Romains, et voit dans la centaine de colonnes, tuyaux d'orgues, stalactites et « hercules » qui décorent les lieux, une intervention providentielle de la nature pour consolider la montagne trouée, « empêchant qu'elle ne vint à s'écouler ».

Crédit Photos : Claude HAAS